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Toujours actif, le célèbre architecte brésilien Oscar Niemeyer a
célébré, le 15 décembre, son centième anniversaire en compagnie de ses
proches dans sa "Casa das Canoas", l’une des ses créations donnant sur
la plage de Copacabana, à Rio de Janeiro où il est né. Le célèbre
architecte carioca, dont l’œuvre a été distinguée par le prestigieux
Pritzker Prize en 1988, a vu classer au Brésil quelque trente-cinq
bâtiments conçus par lui. Il vient en outre d’être décoré des insignes
de commandeur de la Légion d’honneur en France. Au printemps
2002, La Galerie du Jeu de paume proposait une promenade dans l’œuvre
du célèbre architecte brésilien. Accompagnée d’un film * projeté en
boucle, l’exposition montrait des dessins, photos et maquettes comme
autant de balises dans le parcours de ce "sculpteur d’espace" amoureux de la courbe.
Né en 1907, Oscar Niemeyer poursuit des études aux Beaux-Arts avant de
faire la rencontre de l’urbaniste Lucio Costa (1902-1998) dont il
rejoint l’agence en 1935. Il travaillera également avec Le Corbusier.
Sa carrière s’accélère à Belo Horizonte en 1940 quand Juscelino
Kubitschek, alors maire de la ville, le sollicite pour doter Pampulha
d’une église, d’un casino (devenu musée d’art moderne), d’une salle de
bal et d’un yacht-club autour d’un lac artificiel. Lorsque le même
Kubitschek est élu président en 1955, le site de la nouvelle capitale
est déjà choisi. Sur des plans de Lucio Costa, Niemeyer va être
l’artisan de l’une des plus ambitieuses opérations d’urbanisme du XXè
siècle : Brasilia (1956-1960). La ville est inaugurée au printemps 1960
et plus tard inscrite sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco,
même si son concepteur en regrette aujourd’hui l’anarchique croissance.
Le nom de Niemeyer fera le tour du monde et avec lui l’architecte qui essaimera avec cinq cents projets où la technique "doit, selon lui, se plier aux exigences du rêve, élément moteur de toute création".
Il signe ainsi des réalisations au Brésil, à Cuba, en France (siège du
Parti Communiste français à Paris, Maison de la Culture du Havre...),
en Italie (siège des Éditions Mondadori à Milan...), en Allemagne, au
Portugal et en Algérie où il a séjourné et travaillé dans les années
1970. Oscar Niemeyer y a dessiné l’Université de Constantine
(1969-1977) et le projet initial de celle de Bab ez-Zouar à Alger
(1968-en cours). Il a également conçu le projet d’une mosquée sur
l’eau, dans le port d’Alger, ainsi que d’un centre administratif. Dans ses Mémoires **, l’architecte évoque son aventure algérienne et Alger dont il dit "j’aimais
cette ville accueillante, ses rues qui descendaient, tortueuses vers la
mer. Ses criques et ses petites baies, ses plages de galets, la
Méditerranée riche en légendes et mystères, les petites maisons
blanches, presque aveugles, pour se protéger du vent. [...] Mais
c’est à Constantine que j’ai laissé mon meilleur travail : l’université
de Constantine. Je ne voulais pas faire une oeuvre courante, mais une
université qui soit le reflet de la technique d’aujourd’hui." |